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23 décembre 2007

Terroiristes : sus aux vins transgéniques!

Le très sérieux et libéral The Economist défend les biotechnologies contre les méchants terroiristes français. Selon le magazine britannique, une bande de viticulteurs masqués se seraient attaqués à des citernes contenant des vins importés et ont causé de petites explosions dans des supermarchés. La raison : la menace des vins transgéniques pour les terroirs français.

Les biotechnologies rendent possible de créer des vignes et des levures génétiquement modifiées permettant une encore plus grande productivité dans le vignoble et une uniformisation du goût et de la qualité année après année dans les chais. Un vin nutraceutique contenant de l'aspirine ou un vin qui goûte le canard ça vous dit? Moi, je n'y vois pas d'intérêt! Cela dit, le vin en tant que produit industriel existe déjà et la France en produit en grande quantité et en qualité très variable.

Ce genre d'opération coup de poing par des justiciers masqués est assez typique des combats des agriculteurs. Personnellement, je les trouve inacceptables tout comme The Economist malgré la sympathie que je peux avoir pour les petits producteurs agricoles qui essaient de faire des produits de qualité et avec une typicité prononcée. La filière viticole française doit être capable de communiquer sur la spécificité de ces produits, sur la notion de terroir ce qu'elle peine à faire pour le moment. Il faut aussi éduquer.

Que dire de la qualité? La Bourgogne par exemple possède de grandes appellations mais certains vins produits sous celles-ci peuvent être une vraie arnaque au point qu'un ama comme moi n'en consomme plus depuis quelques expériences malheureuses. Ces critiques ne sont pas nouvelles pourtant mais changer les mentalités est difficile dans l'Hexagone...

Donc, pour l'instant, on a peur, on gueule et on casse... Resaisissez-vous! Avec les marchés chinois et indiens qui s'ouvrent, les opportunuités sont belles mais encore faut-il être en mesure de les saisir!

06 décembre 2007

Coulée de serrant : savoir apprécier un grand vin blanc?

Lors de mon dernier séjour en France, nous avons bu énormément de vin blanc : Menetou-Salon à base de sauvignon, Muscadet et Gewurztraminer en Bretagne, poissons et fruits de mer obligent, un excellent Condrieu à base de Viognier très aromatique à Paris (que le Capitaine a beaucoup aimé) et enfin un vin très étrange, un Clos de la Coulée de Serrant que certains classent comme un des meilleurs vins blancs français mais que d'autres détestent royalement.

Ce vin est atypique. Il est une AOC à lui seul. Le Chenin utilisé dans son élaboration est cultivé sur 7 hectares en amphithéâtre sur les bords de la Loire à Savennières. Cette coulée est plantée de vignes depuis le XIIe siècle. On y travaille toujours en partie à la main et au cheval de trait vu la raideur de certaines pentes. Les vendanges s'effectuent à surmaturité.

Autre particularité, ce vin est produit grâce aux principes biodynamiques depuis 1985 c.-à-d. sans substances de synthèse et en suivant les rythmes cosmiques. Nicole Joly est d'ailleurs considéré comme le pape de la biodynamie en France. Son but est de faire un vin vrai qui est le reflet de son terroir. Il change donc énormément d'une année à l'autre et même d'après certains d'une parcelle à l'autre.

Il faut avoir la foi ou beaucoup de curiosité pour l'acheter. Je me situe dans le second groupe. C'est un vin de garde qui peut facilement se bonifier pendant 10 à 15 ans d'après le vigneron. D'autres diront qu'il est bon très jeune. Seul le millésime 2004 était en vente au moment de l'achat. C'est un vin rare, médiatisé et donc cher. Le clos ne produit que 20000 bouteilles par année. Il est recommandé d'ouvrir la bouteille ou de le carafer de 12 à 24 heures avant de le déguster pour laisser se développer ses arômes. Cette évolution, on la sent et on y goûte. J'ai fait l'expérience aux trois heures environ sur une période de 12 heures.

Ce vin a une couleur dorée intrigante. Il est sec mais gras. Il persiste en bouche longuement. Très étrange sensation qui rappelle certains vins moelleux mais sans le côté sirupeux que je n'apprécie pas beaucoup. Le Chenin est d'ailleurs employé pour certains de ces vins. Très aromatique mais changeant, on peut y deviner le goût de pommes un peu blettes puis de fruits exotiques, de miel ou d'épices.

Il ne ressemblait à rien que je connaissais. Pourtant, j'essaie de sortir des sentiers battus. Une expérience hors de l'ordinaire donc, mais suis-je vraiment capable d'évaluer correctement ce type de vin? Vaut-il son prix? J'ai plus de questions que de réponses à la suite de cette dégustation. L'apprentissage sera encore long mais sans doute fort agréable.