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20 août 2003

Lâche pas la patate ...

[en] Potato story

Hier soir, Arte la chaîne franco-culturel diffusait une soirée Théma sur les problèmes environnementaux.

Le deuxième reportage montrait les effets de la révolution verte sur la culture de la pomme de terre dans les pays andins et en Idaho, capitale américaine de la pomme de terre.

Dans les Andes, la pomme de terre est un aliment primordial. Les Indiens de ces régions connaissaient plus de 500 cultivars différents de pomme de terre de toutes couleurs et de toutes formes qui s'adaptaient aux différentes conditions de culture. On ne cultivait jamais une seule variété seule pour ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Les rendements n'étaient pas faramineux mais au moins on avait toujours de quoi se mettre sous la dent. Or ces variétés disparaissent peu à peu.

Depuis les années '60, elles sont de plus en plus délaissés au profit de cultivars «modernes» à haut rendements conçus pour d'autres conditions et qui demandent plus d'eau et l'emploi d'engrais et de pesticides. Les Indiens les cultivant, sont donc devenus dépendants des marchands de semences et de pesticides. Ces variétés sont sensibles à de multiples problèmes climatiques, à certains parasites et à certaines maladies. Comme, on privilégie souvent la culture d'une seule variété (monoculture) pour faciliter les traitements phyto-sanitaires, une catastrophe peut vite arriver comme le démontrait le documentaire avec le gel.

Illustration similaire en Idaho : royaume de la Russet Burbank, variété à frite préférée des grandes chaînes de fast-foods. Les fermiers de la région sont obligés de produire un tubercule parfait pour vendre. Ils sont tout aussi dépendants des marchands de semences et de pesticides et impuissants par exemple face aux doryphores, mignonnes petites pestes qui adorent dévorer les plants. De plus, ces petites bestioles sont devenus résistantes aux insecticides couramment employés et risque de mettre certains producteurs en faillite. Que faire? Idem avec le mildiou, petit champignon parasitaire mais dévastateur.

Ces mêmes laboratoires chimiques maintenant firmes de génie biologique, proposent les OGM comme solutions. On pousse encore plus loin la dépendance des fermiers envers ces groupes et on peut se douter que les parasites s'adapteront à ces nouvelles plantes comme c'est le cas depuis la nuit des temps.

Il est temps de penser que le progrès est peut-être ailleurs ...

Potato story

Tuesday night, I saw on TV, an interesting documentary comparing the culture of potatoes in the Andean countries and in Idaho, potato heartland of America.

In the Andes, potato is basic food. The Indians of these areas knew more than 500 different varieties of potato well-adapted to the various conditions of culture in the Andes. Cleverly, they sowed more than one variety at the time just in case of... The yields were not amazing but at least, there was enough potatoes every year to feed villagers.

These varieties are disappearing little by little. Since the years 1960, many small farmers used "modern" varieties producing higher yields but requiring more water and chemicals products (fertilizers and pesticides). These farmers became dependent on the sellers of these products. These varieties can be sensitive to multiple climatic problems, parasites and diseases. When you improve yield, it is often counterbalanced by poorer resistance. As they do a single-variety culture to make treatments easier, a catastrophe can quickly happen, putting in jeopardy the life of these populations.

Developed countries are not better off. Idaho is the kingdom of the Russet Burbank, the favorite variety of fast-food chains like Mc Donald's. The farmers from this area must produce a perfect tuber to sell their yields. They are more financially dependent than the Indios but as disarmed as them against potato beetles or mildew when resistant to regular pesticides. Some farmers could be put into bankruptcy by these little pests and their friendly bankers.

The same chemical laboratories now firms of biological engineering, propose GMO as solutions. It will push farmer dependences even further towards these groups. We can also suspect that parasites will become resistant to these genetically engineering plants and don't know their long term effects on natural habitats.

Could there be other ways to achieve similar results ? Can progress be perhaps elsewhere ?

Commentaires

Hmmm... tu sembles accepter la présence d'OGM dans les parages - malgré les quelques bienfaits 'techniques' qu'on peut y trouver, les inconvénients sont plus importants - à mon point de vue. Le pire, étant celui de s'approprier le vivant, qui est végétal pour le moment, mais qui va vite et bientôt devenir animal (c'est commencer en fait avec des souches génétiques qui sont brévetées). Comme tu dis, la fameuse révolution verte qui n'a jamais eu lieu, on ne la verra pas non plus avec les OGM - fussent-ils de la deuxième génération. Il ne faut pas non plus mettre trop d'espoir dans les aliments supervitaminés ou pouvant guérir... Même que, si on se donnait la peine (quoique il est presque trop tard) de répertorier et de mettre en valeur les végétaux actuels (la biodiversité), on pourrait y trouver des plants avec ces propriétés recherchés (par exemple, pour soulager ou contrer le diabète). J'avais un texte sur mon carnet qui mentionnait justement l'appropriation des médecines trd. par les cie pharma. Je pense que je l'ai effacé ::: c'était a peu près ceci :

Alors que des entreprises pharma. et autres multinat. brevètent aujourd'hui le 'vivant' 'fabriqué' à l'aide des biotechnologies (par exemple les OGM), on ne sera pas surpris d'apprendre que plusieurs autres veulent établir des monopoles sur les remèdes naturels traditionnels en brevetant les recettes et leurs ingrédients, c'est-à-dire les plantes, les insectes et certains vertébrés.

Afin de préserver la libre utilisation des souches de médicaments naturels, l'Association américaine pour l'avancement des sciences créait il y a un peu plus d'un an site web, TEK*PAD (Traditional Ecological Knowledge Prior Art Database), dont le but est d'établir des liens entre toutes les données sur les végétaux se retrouvant à l'état naturel, soit plus de 40000 espèces et variétés de plantes du monde entier. Il faut rappeler que selon la loi américaine, la diffusion publique d'une information concernant une substance (une plante, en l'occurrence), qui rend compte des connaissances à son sujet et témoigne de son utilisation préalable à une éventuelle demande de brevet, annule la possibilité, pour une entreprise, d'obtenir un brevet pour cette substance. .C'est le but que cherche à atteindre cette association.

On peut en savoir plus en lisant ce communiqué de l'AAAS.  Autre accès pour TEK*PAD ici.

C'est assez troublant - comme l'est tout le dossier des OGM. Er vive les potages au Médéole de Virginie.

Je crois comme Neige que les risques pour la santé humaine des OGM seront plutôt indirects mais que les risques réels se situeront plus au niveau de la diminution de la biodiversité, du déséquilibre des milieux naturels et du mode de vie des agriculteurs partout dans le monde.

Le canola est lui-même une espèce améliorée de colza (qui contient une toxine, l'acide érucique) par des hommes de science canadiens au cours de années 1970. L'huile que l'on en tire est une des meilleures pour la santé humaine et son tourteau (ce qui reste après l'extraction de l'huile) sert de supplément protéique dans l'alimentation des animaux de fermes. C'est un réel progrès à mes yeux.

Le canola Roundup Ready Monsanto a été modifié génétiquement pour résister au Roundup, herbicide non-sélectif (qui détruit tout vie végétale où il est utilisé) produit par ... Monsanto. C'est une solution globale semence-herbicides qui a des avantages certains pour les grandes exploitations (moins de traitements, moins de travail) mais qui profitent principalement à Monsanto qui vendent deux produits au lieu d'un seul. Logique capitaliste pure.

La première génération d'OGM ne vise qu'à soutenir le mode de production industrielle. Je vois mal comment un paysan du Guatemela, souvent sans formation agricole puisse réellement profiter de ces avantages sur son petit lopin de terre.

La seconde génération d'OGM me semble plus intéressante car elle visera à améliorer la qualité nutritionnelle des plantes. On parle déjà de riz contenant plus de vitamine A et du fer pour contrer des carences alimentaires graves en Asie, qui pourrait aider le traitement du diabète ou encore de plantes qui résisteraient dans des milieux secs ou salins. Mais existent-il d'autres solutions "plus simples" pour régler ces problèmes? Pourquoi ne pas chercher à diversifier les cultures et l'alimentation de certaines populations par exemple ?

Je crois fremement que les solutions sont multiples et croire que les OGM sont la panacée universelle aux problèmes de la faim dans le monde rappelle étrangement les mêmes promesses d'une révolution verte il ya quelques dizaines années.

Le progrès oui mais pas le progrès à n'importe quel prix ...

Encore de la culture... - celles des patates !
Les OGM sont à craindre véritablement. Pas tant pour leurs effets sur la santé (sauf indirectement), mais sur la biodiversité et la perte d'autonomie des paysans et agriculteurs. La culture industrielle de la pomme de terre est une catastrophe naturelle, on le sait, tout comme celle du maïs, des fraises, des pommes et de plusieurs céréales. En fait tous les végétaux comercialisés entre pays vont y passer (OMC). Au Canada, le canola de propriété Monsanto a envahi les champs de l'ouest, avec la bénidiction du gouvernement. Le plant est résistant aux persiticides sauf ceux formulés spécialement pour lui par son propriétaire (Monsanto). D'après la convention N-A sur les cultures (échanges de graines etc.), Monsanto, ou tout autre 'géniteur' de plants conçus en labo, devient le gardien des champs où pousse son plant, que le plant ai été semé volontairement ou non (échappé par graines). C'est une forme d'appropriation cachée des terres. - Le même phénomène se produit en Inde, à très grande échelle, les gouvernement ayant cédés les cultures de plusieurs légumineuses (pois chiches, lentilles) et fèves à de grandes multinationales. Tous ces plants sont 'signés', ils sont reconnaissables par l'expert des cies. Au Québec et Ontario, j'ai su, 'sous les couvertes', comme la cie SureGain avait comploté pour s'approprier uns à uns tous les petits éleveurs de cochons, un plan sur 20 ans qui fait que maintenant, parcequ'ils fournissaient à ces éleveurs les grains pour l'alimentation, ils sont les plus grands propriétaires de fermes d'élevage (et tjrs les fournisseurs de grains). L'agriculture, l'élevage industriles, c'est de la merde. - NB: Les petits cookies je les bouffe une fois semaine.

Deux petits points en réponse

1. Ma position sur les OGM est plus nuancée que la tienne sans doute mais nous nous rejoignons tous les deux sur le fait que l'on ne devrait pas laisser des industriels breveter le vivant (naturel ou génétiquement modifié) et que la recherche doit s'orienter aussi vers d'autres types de solution pour créer une agriculture plus respectueuse de la nature tout en répondant mieux aux besoins des hommes.
2. Le principal objectif de la Révolution verte dans les années 60 était d'augmenter les rendements des principales céréales. On peut dire que de ce côté, elle a été une réussite. Des pays comme l'Inde et la Chine ont fait reculer le spectre des grandes famines grâce aux techniques modernes de production. Mais avec nos yeux de 2003, on voit aussi que ce progrès s'est fait au détriment des cultures vivrières, de la bio-diversité et de l'environnement ainsi que des structures rurales traditionnelles.

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